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La luciole des près


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Une petite Luciole perdue dans un près

Une nuit de printemps

Seule s'ennuyant à éclairer

Ces herbes de brins géants


Cheminant heureuse malgré tout

Cherchant avide à qui parler

A un ami, et perchée sur un caillou

Elle héla au hasard une fée


Qui passait affairée et pressée

Marchant allègre d'un pas sûr

"Bonjour la fée, dis moi où trouver

Une âme bienveillante et pure


Avec qui doucement vivre

D'air frais léger et doux

Dormir au sol blanc de givre

Et des colliers de perles au cou"


"Les fées ne savent qu'exaucer

Des vœux aux gentils êtres

Et des conseils ne sauraient en donner

Sauf à aider aux petites choses à naître"


3comment vais-je pouvoir vivre

Ainsi à errer affreusement seule

Dans ce vaste monde et poursuivre

Avec dans mon âme tant de bleus


D'amour triste et chagrins

Je sais pourtant qu'il m'attend

Tapis caché et ma petite main

Il la prendra, magique par un chant"


La petite fée alors voyant

Dans ses yeux tant de tristesse

Lui dit : "pendant qu'il est temps

Court! Court! Sans faiblesse


A la rivière un saule pas loin

Savant et sage il te dira

Quoi faire et comment ton besoin

Par ta soif et passion il assouvira"


Heureuse et pleine de joie

Brillante de milles feux

Elle s'en alla en ayant foi

De nouveau et lui dit adieu.


Parcourant les guirlandes

Scintillante et mirifique

De rosée sur la lande

En cette nuit magnifique


Elle chemina, lanterne éclairée

Pleine d'espoir et d'ivresse

Vers le bonheur espéré

Le cœur gonflé et plein de liesse


Derrière un Viel arbre grincheux

Elle le vit, sur les flots perché

Le tronc frémissant, majestueux

Buvant, perdu en pensées


S'approchant avec précaution

D'une gracieuse révérence

Le salua attisant son lampion

Et de sauts gracieux et de danses


Lui parla de son triste malheur

Tant de solitude et de paroles

Qui s'envolent dans la douleur

Comme des myriades de fumerolles


Sorti des ses songes le Vénérable

Toussant, de ses racines tassant

Le sol, l'eau, et de ses bras friables

Pris la luciole fragile lui si puissant


"Hum, hum! Hom, hom! que voilà

Une petite limace qui trouble

Mes rêves de boues, de fleurs et de dahlia

Dans le courant clair de flots bleus"


"Votre magnificence savante

Je viens par là vous demander

En toute humilité et bienveillante

Où trouver une âme à aimer?"


"Hum, Hum! Hom, hom! petite sauterelle

De vents, de pluies, de songes d'été

Des nuages blancs dans le ciel

Je peux sans cesse en parler


Mais d'une âme à aimer

quelle étrange demande

D'un vermisseau en vérité

Au lieu lieu de profiter de la provende


Que nous donne l'eau claire

Les près verts et onduleux

Nos landes et nos tourbières

Les champs humides et marécageux?


Petite loche à lumière

Je ne saurais t'aider

Ni être muet comme une pierre

Sauf au Silure demander


Où trouver enfin ta réponse

Lui qui sans cesse parcours

Les fonds, les buissons et les ronces

Dans le pays il peut être ton secours."


Sur ces mots vigoureux et clairs

Elle longea le long ruisseau

Parmi els joncs, les iris et les lierres

Cherchant le Silure sans repos


Blop, Blop! Boues vases et roseaux!

Réagis le Silure devant elle

"Je me nourris de larves et vermisseaux

Que viens-tu sous ce beau ciel


M'ennuyer de tes billevesées

Me parler d'une âme sœur

Qui t'attend énamourée

De ton image et de ton cœur?


Moi qui ne rêve toujours

De courants frais et chantant

Je ne peux t'aider ce jour

Si ce n'est en racontant


Qu'une belle nuit comme aujourd'hui

Nageant agile sous les frondaisons

Une belle voix j'entendis

Parlant sans fin des saisons


Du temps cruel qui passe

Pleurant les fleurs éphémères

Et de toutes choses qui trépassent

Et de son amie la lune Mère


De tous les poètes la muse

Des cœurs tendres la gardienne

Vers qui tous les regards fusent

Dans une prière païenne


Ce n'est peut-être que le hasard

Que dansant l'onde joyeuse

Je cueillis sous mes nageoires

Cette chanson triste mais radieuse


Va par ce chemin lumineux

Avec ta lanterne éclairée courant

Rencontrer enfin ce demi dieu

Que tu désespère en vain et souffrant."


Heureuse enfin de son destin

Elle ondula sans pressée sans panique

Vers cet oracle pèlerin

Dans la lumière sélénique


Perché sur une branche basse

Contant charmeur à la lune

Des rêves de princesse lasse

Et de contes de fortune


Elle le vit auréolé de lumière

Le visage enfantin, l'âme sereine

Comme dans un songe lunaire

Entouré de curieuses phalènes


S'approchant timide exaltée

Attisant fière sa lumière fragile

Sentant enfin sa quête exaucée

Elle dansa une volte gracile


Mais le poète la tête dans les étoiles

Ne vis ni la danse ni la lumière

La luciole alors déploya ses voiles

Et vola vers le poète sans manière


Etonna de tant d'audace et surpris

Il dévisagea cette surprenante effrontée

Et comme une douce brise languissante

Il l'aima de tout son cœur sans délais


C'est alors que devant tant de passion

La fée et la lune de concert

Pris ces deux âmes sans façon

Et les amena au pays toujours vert





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